La résidence mobile d’Écrire à Tokyo
Une utopie concrète
Présentation
Il n’existe à notre connaissance que trois exemples de résidences artistiques internationales au Japon où s’insère l’écriture : la Villa Kujoyama, la récente résidence d’écriture à Kyoto, le Palais des paris à Takasaki. Qui dit résidence dit lieu fixe, en dur. En l’absence de lieu dur et fixe, Ecrire à Tokyo propose l’utopie concrète d’une résidence mobile, c’est à dire de prendre tout Tokyo comme lieu.
Le mot « résidence » est donc ici à prendre au sens le plus large possible, large et vaste comme la métropole tokyoïte, mais sans la rengaine de la vue dronique extatique invariablement attachée à la description pavlovienne de la mégapole.
Il s’agit bien de suggérer un environnement propice à la création littéraire et soutenir les auteurs, les personnes qui écrivent, les amateurs en tête, mais selon des modalités inhabituelles.
En l’absence de lieu, de sponsor, mécènes et budget, mais pas en l’absence d’idées et d’intentions, nous vous offrons de saisir Tokyo dans son intégralité comme le lieu de résidence, et surtout, lieu de dialogues et de rencontres avec quelques personnes résidentes qui permettent à Ecrire à Tokyo de se perpétuer.
Au minimum deux éléments indispensables d’une résidence hors-lieu, sont proposés : des recommandations de lieux où écrire à Tokyo, et donc le principe d’une résidence mobile ou itinérante, et la possibilité de rencontres avec des participants d’Ecrirea.tokyo résidents à même de vous offrir des savoirs-ville et des points de vues multiples sur comment aborder le territoire, y compris celui de l’écriture in situ, et aussi un dialogue culturel quand vous avez besoin de dialogue culturel. Vous en aurez vite besoin.
Ce minimum de “services” est dépassable, le dépassement étant fonction d’échanges créatifs entre les acteurs de ce dialogue possible, vous visiteurs, nous résidents. On peut envisager et créer l’impossible : interventions artistiques, rencontres impromptues, événements éphémères. Nos potentiels ne se limitent pas à suggérer des cafés où écrire. Ce n’est qu’une amorce, mais les lieux d’écriture suggérés le sont en connaissance de cause. Ce sont des lieux d’ancrages, souvent des cafés, mais aussi des squares et parcs, pour lesquels existe un attachement véritable, et la possibilité de rencontres avec des personnes et des points de vues singuliers.
Au coeur de notre ouverture et disponibilité se trouvent deux dimensions corollaires : le don et l’empathie.
Les rencontres avec des participants d’Ecrirea.tokyo fonctionnent sous l’égide du don réciproque : don d’abord don de temps libre, denrée rare, de la personne ouverte à vous accueillir pour quelques heures et parler avec vous écritures, ville et expériences, et don en échange de votre part dont la substance et la teneur sont dépendantes de votre imagination. Don ne signifie pas nécessairement octroi d’objets marchands. Votre présence et vos histoires sont aussi une forme et objets de don. A vous de faire montre d’inventivité tout comme nous le tentons nous-mêmes.
Pour qui veut lire plus, quelques jalons et pensées diverses
A l’ère de la mobilité massive et de la métropolisation, une résidence d’écrivain en mouvement dans la ville fait sens. La résidence itinérante est d’ailleurs très ancienne qui remonte au Moyen-Age. D’une certaine manière, nous ne créons rien de nouveau, hormis le fait qu’avant d’exposer ce projet, ce type de résidence conceptuelle et concrète à la fois n’existait simplement pas, pour Tokyo en tout cas. Désormais, cette résidence itinérante, mobile, existe. Il suffisait de l’énoncer.
Des rencontres empathiques à destination pensées comme les raisons essentielles d’itinérance ne sont en rien une nouveauté. Il s’agit ici d’abord d’un emprunt à Jim Haynes, citoyen américain qui a longuement vécu à Paris où il tenait salon – dîner – pendant des années à peu près une fois par semaine. Il a publié des guides-catalogues de personnes avec leurs coordonnées, principalement dans des pays d’Europe de l’est ouverts à la rencontre de voyageurs qui entreraient en contact.
A destination, il existe deux types de rencontres : avec un milieu stratégique à entre-gent fort de pouvoirs (argent, réseau), avec des gens de divers horizons et des rôles sociaux qui n’ont rien à voir avec l’écriture et sont distribués dans diverses couches socio-économiques. Avec d’autres personnes riches de marges et de volonté d’ouverture hors marchandise.
Dans un monde idéal, nous aurions un mécène, un budget, un lieu à Tokyo sur le modèle des akiya-kominka – maisons vides transformées en espace artistique que l’on trouve en provinces retirées mais qui potentiellement pullulent aussi dans les secteurs urbains. Il s’agirait d’un lieu prioritairement destiné à des “écrivants” allochtones, mais pas rebutés à des “écrivants” de passage comme vous-même. Voir la référence sur les akiya-kominka plus bas.
Ce lieu serait situé dans des secteurs vraiment urbains avec des signatures et textures du quotidien très singulières et fortement estampillés “Tokyo”, même quand décentrés mentalement, hors des zones fébriles d’hyperconsumérisme et de la ville devenue parc d’attractions. Vous évacuez donc essentiellement la majorité des quartiers touristisés. Pour ne citer que deux exemples, Minowabashi dans l’arrondissement d’Arakawa ou Koenji seraient des candidats parfaits. Il y en a d’autres.
Nous n’avons pas un tel lieu, mais nous avons Tokyo comme territoire d’itinérance de l’écriture, et sur ce territoire là, nous avons des opinions bien tranchées même si contrastées et des expériences accumulées de vie locale, de ce que l’on nommera les savoirs-ville. Ces savoirs-ville qui relèvent d’une sensibilité poétique aux espaces n’ont rien à voir avec les destinations touristisées et les classements, mais avec l’expérience d’individus singuliers.
Entrez en contact. ecrireatokyo@gmail.com.
Très intéressantes références:
La résidence d’écrivain – Enjeux de géographie littéraire – Julien Knebusch
From social issue to art site and beyond – reassessing rural akiya kominka – Anemone Platz